
Bien comprendre le cycle sexuel du furet
Le cycle sexuel de cette espèce est particulièrement lié à la photopériode, c’est-à-dire aux variations saisonnières de luminosité. La maturité sexuelle des jeunes furets est acquise à partir du printemps suivant leur naissance, soit à un âge variable de 5 à 10 mois généralement. De la même manière, chez les adultes, la période hivernale est synonyme de repos sexuel.
Chez le mâle, le développement des testicules est stimulé par des journées courtes, l’activité sexuelle commençant lorsque les jours s’allongent. La période de rut (c’est-à-dire d’activité sexuelle) va alors s’établir, de façon générale, de décembre à juillet dans l’hémisphère Nord et de août à janvier dans l’hémisphère Sud.
Chez la femelle, le cycle sexuel est stimulé par une photopériode longue, équivalente à 14 heures de luminosité sur 24 heures . Les chaleurs apparaissent environ 3 semaines après le début de l’augmentation de cette photopériode. Dans un environnement naturel, la furette exprime une seule période d’activité reproductrice par an, au cours de laquelle elle peut avoir 1 à 2 portées maximum.
La particularité de la furette est de n’ovuler que si elle est saillie (ovulation provoquée par l’accouplement). En dehors de tout accouplement, les chaleurs vont être constante entre mars et septembre. Tant que la furette reste en chaleurs, elle sécrète des oestrogènes, qui sont les hormones sexuelles femelles produites par les follicules ovariens. L’accumulation d’oestrogènes dans son organisme va ralentir le fonctionnement de la moelle osseuse en détruisant les cellules souches à l’origine de la production des cellules sanguines : c’est l’aplasie médullaire. Il en résulte une diminution des globules rouges qui ne sont plus remplacés par la moelle osseuse (une anémie non-régénérative), une diminution des plaquettes sanguines permettant la coagulation (une thrombocytopénie) et une diminution des globules blancs (une leucopénie), entraînant, à terme, la mort de l’animal. Il est donc indispensable de stériliser les furettes qui ne sont pas destinées à la reproduction.
Pourquoi stériliser mon furet ou ma furette ?
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles un propriétaire souhaite stériliser son furet ou sa furette. Nous rappelons que pour les furettes non destinées à la reproduction, la stérilisation est vitale afin d’éviter l’anémie induite par les oestrogènes, potentiellement mortelle. Chez le mâle, l’intérêt de la stérilisation est surtout d’ordre zootechnique : en plus du fait d’empêcher toute reproduction (intéressant lors de cohabitation avec des congénères du sexe opposé), la castration du mâle diminue les désagréments de la période du rut : odeur forte, poil gras, marquage urinaire et agressivité.
On peut stériliser chirurgicalement les furets et les furettes dès l’âge de 5 à 6 mois, cette technique bien maîtrisée est pratiquée depuis plusieurs années. La stérilisation chirurgicale consiste à retirer l’utérus et les ovaires chez la femelle (les tumeurs de l’utérus ne sont pas rares chez la furette au contraire des chiens et des chats ce qui implique son retrait au moment de la stérilisation), et les testicules chez le mâle. Ces techniques permettent d’interrompre immédiatement la reproduction chez la femelle, mais pas chez le mâle : des spermatozoïdes persistent dans les canaux déférents et le furet peut encore être fécond jusqu’à 45 jours après la chirurgie. L’action est définitive, et son rapport coût / efficacité sur le long terme est excellent.
Quels sont les inconvénients de la stérilisation chirurgicale ?
Bien que très efficace, la stérilisation chirurgicale présente quelques inconvénients qu’il convient de connaître. Tout d’abord, la chirurgie s’effectue sous anesthésie générale, et toute anesthésie représente un risque : chez le furet, ce risque est évalué entre 0,33 et 2,7%, même si toutes les précautions nécessaires sont prises pour que l’intervention se passe dans les meilleures conditions. Ensuite, cette méthode est irréversible et ne constitue pas une bonne option si l’on souhaite pouvoir interrompre de manière provisoire la reproduction. Enfin, et c’est peut-être l’effet potentiellement le plus grave, la stérilisation est, avec l’augmentation de la photopériode (furets en appartement), un des facteurs favorisant l’apparition de la maladie surrénalienne.
Quelle alternative à la stérilisation chirurgicale ?
Depuis quelques années, il existe une alternative à la chirurgie : la castration chimique. Celle-ci est réalisée grâce à la pose d’un implant de desloréline (SUPRELORIN). Pour bien comprendre son fonctionnement, la connaissance des mécanismes du fonctionnement sexuel est indispensable : au niveau du cerveau, l’hypothalamus produit de la GnRH qui stimule la production de FSH et de LH par l’hypophyse. Ces deux hormones vont à leur tour agir sur les gonades, testicules et ovaires, qui sécrètent les hormones sexuelles : testostérone chez le mâle et oestradiol chez la femelle.
Ce système possède un mécanisme d’autorégulation : c’est le rétrocontrôle négatif. Lorsque la concentration sanguine en hormone sexuelle augmente cela à pour effet de diminuer la production de GnRH par l’hypothalamus et donc de LH et FSH et au final d’hormones sexuelles. A l’inverse quand la concentration sanguine en testostérone ou oestradiol diminue cela stimule l’hypothalamus qui produit plus de GnRH afin que la sécrétion augmente à nouveau.
Le SUPRELORIN est un implant à libération lente d’un analogue de la GnRH, la desloréline. Cette gonadotrophine a pour effet de stimuler les récepteurs à la GnRH en induisant, dans un premier temps, une augmentation de production et/ou de libération de LH et de FSH. Suite à cette sur-stimulation des récepteurs, ceux-ci vont être désensibilisés, c’est-à-dire qu’ils ne vont plus répondre à la gonadotrophine : cela aura pour effet une suppression totale de libération de FSH et LH dans l’organisme, et donc un arrêt total du cycle hormonal et des fonctions reproductrices chez l’animal.
Quand et comment est posé l’implant ?
L’implant peut être posé aussi bien chez le mâle que chez la femelle, quel que soit le stade physiologique : on peut donc implanter aussi bien en période de repos que d’activité sexuelle. L’implantation peut être faite à n’importe quel âge, elle peut être initiée dès 4 à 5 mois d’âge chez les furetons avant la puberté.
L’implant peut être posé sur un sujet vigile s’il est très coopératif, mais on préfère généralement faire une anesthésie gazeuse flash afin de limiter les réactions douloureuses suite à l’injection. La pose se fait en respectant les règles d’asepsie classiques, entre les deux épaules ou du côté droit de l’encolure pour éviter la confusion avec la puce électronique implantée en règle générale à gauche de l’encolure.
L’utilisation de l’implant chez le furet et la furette possède plusieurs avantages : il s’agit d’une procédure simple à réaliser, peu invasive pour le furet, présentant des risques moindres du point de vue technique et anesthésique. L’implant est une méthode induisant une infertilité temporaire. Il pourra donc être de nouveau envisageable de faire reproduire son animal (mâles de nouveau fertile à 16 mois après l’implantation en moyenne ; les femelles peuvent de nouveau avoir une portée en moyenne de 2 ans post-implantation).
L’implant possède une longue durée d’action, en comparaison des autres techniques de stérilisation chimique : avec une durée estimée à 16 mois chez le mâle et 17 mois chez la femelle. La diminution de l’agressivité chez le mâle est plus importante qu’avec la chirurgie, avec concomitamment une augmentation des comportements de jeux.
Quels sont les risques et inconvénients de l’implant ?
Même si elle présente de nombreux avantages, notamment celui de prévenir la maladie surrénalienne, la stérilisation par pose d’implant est une méthode plus coûteuse que la chirurgie, puisque sur le long terme, il faudra réimplanter l’animal à plusieurs reprises. L’action de l’implant n’est pas immédiate. En moyenne, il faut 2 à 4 semaines avant que les premiers effets soient visibles : d’ailleurs, la pose d’un implant peut induire une période de chaleur fécondable chez la femelle avant que les récepteurs à la GnRH ne soient saturés.
La durée d’efficacité de l’implant est variable selon les individus. Il est donc important pour les propriétaires de furets implantés, d’évaluer l’arrêt de fonctionnement de l’implant via certains éléments comme la réapparition de comportements sexuels chez les mâles et les femelles, une augmentation de l’odeur corporelle et de la taille des testicules chez le mâle, des signes de chaleur chez la femelle. En attente de données plus précises sur la durée d’efficacité de l’implant, il est donc conseillé de réimplanter son animal, au moins tous les 2 ans.